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Section anglais

 UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTÉ 

MOTION DU DEPARTEMENT D’ANGLAIS 

le 4 février 2020 

Les membres du département d’anglais LLCER de l’Université de Franche-Comté (Besançon), réunis le 4 février 2020, souhaitent réaffirmer leur opposition aux réformes en cours et à l’idéologie qui les sous-tend. En luttant contre les atteintes sans précédent dirigées contre l’enseignement supérieur et la recherche, nous rejoignons la lutte plus large contre la casse généralisée de la fonction publique et des services publics de proximité. 

Le département d’anglais souhaite ainsi réaffirmer nettement son opposition à la LPPR (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche) et à ses conséquences les plus graves, notamment : 

  • • la précarisation du personnel enseignant par la généralisation de CDD (de type “Tenure-tracks”) rejoignant une logique plus large de “flexibilité” de l’emploi aux effets délétères, tant sur le plan humain que scientifique ; 
  • • la remise en cause du statut national des enseignants-chercheurs (suppression de la référence aux 192 heures statutaires, imposition par les instances locales d’heures complémentaires non rémunérées, instauration d’un arbitraire local qui pénalisera lourdement les petites universités moins bien dotées en moyens humains) ; 
  • • le financement de la recherche articulé sur des appels à projet et des partenariats privés, au détriment des dotations pérennes, menant droit à une logique utilitariste en contradiction avec le temps long et la liberté scientifique et critique nécessaires à la recherche en sciences humaines. 
  • • la mise en compétition accrue entre collègues et entre établissements, qui ne fera que dégrader les conditions de travail et la qualité de la recherche, bien loin des exigences d’excellence. 

Le département d’anglais s’oppose aussi fermement à la réforme du CAPES et du Master MEEF imposée sans consultation avec les enseignants, ce qui a conduit le ministre à en repousser l’application d’un an tellement la proposition et les délais de mise en oeuvre étaient irréalistes. Parmi les points inacceptables de ce projet de réforme : 

  • • la réduction drastique de la part du disciplinaire dans la formation et l'évaluation des candidats, qui mettrait devant les élèves du secondaire un nombre croissant d’enseignants dont la maîtrise des savoirs disciplinaires serait très insuffisante ; 
  • • le report du concours en fin de 2ème année de MEEF, qui constituerait une dégradation des conditions d’étude (année de M2 cumulant préparation d’un concours, validation d’un diplôme, d’un stage en responsabilité devant des élèves et d’un mémoire de recherche) et accroîtrait la précarisation des étudiants MEEF et des enseignants du secondaire (stage “en alternance” bien moins rémunéré que le stage actuel des admis aux CAPES, création d’une main d’oeuvre d’enseignants non admis au concours et restant en place sur des contrats précaires). 

Le département d’anglais a été, au fil de la décennie passée, en bonne position pour observer les effets délétères de la LRU (loi sur l’autonomie des universités) et du manque de moyens investis dans l’enseignement supérieur. Le sous-encadrement dû aux restrictions budgétaires a des conséquences directes sur les étudiants : TD surchargés, équipes pédagogiques où la proportion des titulaires s'est réduite jusqu'à atteindre un seuil critique, personnels enseignants et BIATSS submergés par le poids toujours plus écrasant de tâches administratives. L’écart entre les discours officiels sur la “réussite en Licence” et les conditions de travail réelles est plus évident d’année en année. 

Pour toutes ces raisons, le département d’anglais appelle à une action de lutte en lien avec le mouvement national par des moyens à déterminer collectivement, qui pourront aller jusqu'à la grève, le refus des tâches administratives et la démission des responsabilités. Il s’agit de défendre une vision de notre Université aujourd’hui menacée : une Université publique de qualité et de proximité, accessible sans conditions de ressources, qui reste un lieu d’échanges de savoirs diversifiés et de réflexion critique indispensables à la formation intellectuelle et professionnelle des jeunes générations.